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Europe

La Commission européenne à contre-emploi :
Comme Vidocq qui de bandit est devenu un policier exemplaire, il semble que Jean-Claude Juncker, lui-même ancien premier ministre d'un pays en délicatesse avec la transparence fiscale, ait choisi de composer une Commission Européenne en contre-emploi. Ainsi, nous avons pour commissaire aux affaires économiques un ancien ministre qui a échoué à diminuer sa dette, pour commissaire au climat le fondateur de sociétés pétrolières, pour commissaire à l'éducation et à la culture un ancien ministre du gouvernement le plus autoritaire de l'Union et pour vice-présidente aux affaires étrangères quelqu'un de décoré de la Croix de l'Ordre de l'Amitié de la Russie. Reste à espérer que ces gens auront à l'esprit le modèle de Vidocq et connaissant bien les vices qu'il leur faut combattre, ne fléchiront pas ... Ce n'est pas la première fois dans la politique actuelle que l'on remarque le renversement entre l'image et la réalité : on ne compte plus les politiques de gauche faites par la droite, et celles de droite faites par la gauche. On pouvait penser qu'il s'agissait de trahir son électorat. Avec cette nouvelle Commission, il s'agit de trahir sa pente naturelle, ce qui semble plus difficile.

On a beaucoup critiqué la commission Barroso. Il est normal que cette commission ait privilégié la concurrence, car c'est le mode d'autorité des institutions européennes, comme des états modernes, face à une société civile dont la complexité assure le développement. A un état qui doit se simplifier s'oppose une société qui doit se complexifier.

On appelle toujours à l'Union, mais il ne faut pas mésestimer les avantages de la dispersion. Il n'y a pas de numéro de téléphone à l'Europe, mais ça ne la rend pas toujours plus faible.
Le Brexit nous montre le danger de prendre l'Europe comme enjeu d'une politique intérieure.

Il reste à défendre la construction européenne. Il est difficile d'être pour quelque chose qui existe déjà, et c'est la première raison de ce concert d'anti-européens. Mais que l'Europe n'est pas réalisée, et est seulement un projet politique, projet qui a rusé avec la politique en créant des "solidarités de fait" (Schuman) économiques qui devaient permettre une collaboration politique.

Contrairement à ce que disent les média, Sarkozy n'a pas annulé le référendum français sur la constitution européenne (hélas). Remarquons d'abord que si l'Europe était une démocratie, cette constitution serait appliquée, puisqu'une large majorité d'européens l'avait adopté. N'appliquerait-on pas en France une loi parce que les Corses la refusent (... bien que ...). Ensuite, il y a de grandes différences entre le traité de Lisbonne et la constitution qui était proposée : il n'y a plus de droits de l'homme européens et il n'y a plus de direction politique européenne. On en est revenu aux accords du Conseil européen, au cas par cas et pays par pays. Ce sont de grosses différences et il faudrait que ceux qui ont refusé la constitution sous prétexte qu'il faudrait plus d'Europe s'en souviennent. Il est facile de dénigrer l'absence de l'Europe face aux défis écologiques, politiques ou sécuritaires, mais cette absence a été voulue. Officiellement, tous ces "euro-sceptiques" sont pour l'Europe, pour une collaboration entre les pays d'Europe, pour une coordination et une solidarité, mais en fait ils refusent toute décision qui s'opposerait à leur clan. Et ils ont la critique facile contre une entité qui ne peut pas se défendre.


L'Europe attend une nouvelle vague d'union, après celle du XXième siècle. Il faudra rappeler la séparation entre la politique européenne, menée par le Conseil européen, c'est à dire l'unanimité des chefs de gouvernements, et la construction européenne, unique exemple dans l'histoire de l'humanité d'une communauté supra nationale construite dans la paix.

L'Europe avec la Grande Bretagne